mercredi 9 décembre 2015

Nécrologie - Paul Cleave




Quatrième de couverture :

A la suite d'un drame personnel, Théodore Tate, un ancien flic, s'est reconverti en détective privé. Alors que la police est occupée à chasser le fameux Boucher de Christchurch, le serial killer qui terrorise la ville, c'est lui qu'on mandate pour s'occuper d'une banale exhumation, celle du corps d'un directeur de banque dont la veuve est suspectée d'homicide. Là, un glissement de terrain accidentel révèle la présence de trois cadavres immergés dans le lac qui borde le cimetière. S'agit-il de victimes du Boucher, ou bien un autre tueur en série est-il à l’oeuvre? Lorsqu'en plus on découvre dans le cercueil à la place du corps de l'honorable banquier, celui d'une jeune inconnue, c'est le début d'un engrenage infernal pour Théodore qui va devoir découvrir seul la vérité sur cette affaire. Avant que la police ne découvre la vérité sur lui... et sur ses terribles secrets.

Mon avis :

Alors. Que dire.

Non. Nope. Hors de question. Pas du tout.



Voilà mon ressenti sur Nécrologie.

(Instructif n'est-ce pas ?)

Il faut dire que Nécrologie est ce genre de thriller qui vous promet monts et merveilles et qui en fait, bah non. Oubli.

Commençons par Théodore Tate. Ancien flic devenu détective privé suite à un drame personnel. Personnage principal de son état, Théodore Tate est un des rares protagonistes qui se veut antipathique (stéréotype du genre littéraire mon ami) et qui l'est vraiment. Difficile pour le lecteur de s'immiscer dans l'histoire quand il ne peut pas se piffer le héros/antihéros/trou-du-cul-insupportable-pour-faire-court et qui doit se coltiner (avec plus ou moins d'enthousiasme) les pseudos réflexions philosophico-émotionnelles du personnage en question. Il faut dire que Paul Cleave n'y met pas vraiment du sien hein. Son personnage est décrit en deux temps trois mouvements comme un ancien super flic reconverti en nouveau presque super détective qui ne s'est pas remis du grand drame de sa vie et qui, de ce fait, déteste le monde, les gens, l'herbe, la pluie et son boulot.

Ouais. Belle accroche pour un début de roman Paul. On dirait Julie Lescault shootée à l'oxycodone.



Bref.

Le problème majeur de ce livre (en plus de l'Inspecteur Barnaby bipolaire susmentionné) c'est que le résumé nous parle d'un certain serial killer qui porte le doux nom de Boucher. Le lecteur s'attend donc à un superbe thriller avec deux intrigues entremêlées promettant un dénouement des plus surprenants. Sauf que, là encore, non. Oubli. Le Boucher, on en parle tout au long du livre, mais c'est juste pour faire avancer les dialogues.

Tate : Tu peux me donner un coup de main sur mon enquête ?
Flic-figurant-n°1 : Non, peux pas, je bosse sur le Boucher.

Tate : Tu viens prendre une bière avec moi et m'écouter me plaindre de ma vie de merde ?
Flic-figurant-n°2 : Non, peux pas, on a la pression au taf à cause du Boucher.

Tate : Tu peux m'aider à me suicider pour que le lecteur soit enfin content ?
Flic-figurant-n°3541 : Non, peux pas, mon rôle dans ce livre se résume à évoquer le Boucher. Voilà c'est fait. A plus mon gars !

...


...

Donc on sait qu'un serial killer qui a l'air trop cool (j'veux dire, il s'appelle le Boucher quand même) sévit dans la ville de notre détective au charisme de bulot épileptique, mais on ne le voit pas. Jamais. Au lieu de ça on a le droit à une toute autre enquête. Une histoire de femmes mortes, retrouvées dans le cercueil d'autres gens morts et ces autres gens morts retrouvés dans le lac du cimetière.
Mr Théodore Tate va donc tenté de découvrir s'il a affaire à un autre serial killer ou si les pompes funèbres de Christchurch était juste un peu short à la fin du mois.

Que le Dieu des thrillers ait pitié de mon âme.



L'avantage de cette intrigue qui se déroule majoritairement dans un cimetière c'est que les cercueils et les pierres tombales ont plus de sex-appeal que les personnages vivants de l'histoire.

Bref n°2.

L'enquête (gros guillemets-parenthèses-crochets) n'a pas de sens. Tate découvre des indices dans son coin, qu'il ne daigne pas partager avec la "vraie police" (police qui ne semble être vouée qu'à cette quête infinie du Boucher), il fout régulièrement ses anciens collègues dans la mouise en volant des preuves (collègues qui lui pardonnent avec une facilité qui fait passer Mère Teresa pour la dernière des empafées), il parvient à résoudre les grosses clés de l'enquête en fixant béatement le marc de son café et il enfreint la loi tellement de fois et avec tellement de facilité qu'on se demande si la police de Christchurch sniffe de la colle en compagnie du Boucher ou si Paul Cleave avait l'interdiction formelle d'écrire plus de 500 pages.

Quand on voit le contenu des 468 pages en question, on finit par comprendre que Paul Cleave se fait des rails en utilisant le reste de son manuscrit comme paille à coke.



Bref n°3.

Le dénouement de l'intrigue...Non en fait. Non.

Le fin mot de l'histoire frise la démence. J'ai trop de respect pour la lecture en règle générale pour vous spoiler, mais clairement, ça n'a pas une once de crédibilité. Ni de près, ni de loin. Ni même en perpendiculaire.
Et la fin. La fin du livre. Est une blague. En vrai, il n'y a pas de fin.

Certains d'entre vous remarqueront comme moi, que Paul Cleave a écrit "une suite". Le tome 2, qui s'appelle La Collection, reprend le personnage de Tate et parle d'une toute autre enquête.
Donc. En soi. Il n'y a pas de fin. Du tout.



(La vraie fin a du être utilisée par le Boucher pour se rouler un joint.)

Donc, concrètement, ce bouquin est une vaste farce. Il doit être utilisé comme référence en cours d'écriture sur les choses à ne JAMAIS faire dans un livre et surtout dans un thriller.

Cette citation du livre par exemple :  

<< C'était comme dans Fantasia, quand Mickey l'apprenti sorcier coupait des balais diaboliques en deux et que chaque moitié redevenait un balai à part entière et poursuivait ses activités diaboliques. >>


Je ne sais pas si Paul Cleave se fout de ma gueule ou de lui-même en fait. Mais utiliser Mickey comme référence dans un thriller ?

...




Ouais, il me semblait bien aussi. 


Ma note :

Je ne m'abaisserais même pas à le noter.

Le Labyrinthe d'Osiris - Paul Sussman



Quatrième de couverture :

Un homme disparaît en Egypte sans laisser de traces. 
Une femme se fait étrangler à Jérusalem. 
Deux événements que quatre-vingts ans séparent, mais liés par une même énigme. 

Ancré dans le Moyen-Orient d'aujourd'hui, ce thriller archéologique haletant mêle avec talent histoire, suspense et aventures.


Mon avis :

Pour commencer, il faut savoir que Le Labyrinthe d'Osiris va paraître passablement indigeste pour les néophytes. Si vous n'aimez pas les thrillers, ou si vous n'avez qu'un très vague amour pour ce genre littéraire : passez votre chemin.
Le Labyrinthe d'Osiris est une aventure à la fois pour son contenu mais surtout pour sa lecture.

Il faut dire que Paul Sussman ne fait pas les choses à moitié. Ce bouquin est un petit bijou d'archéologie, d'histoire et de réflexions géopolitiques. L'enquête criminelle y est omniprésente mais toujours mise en parallèle avec le conflit Israélo-palestinien, les différences entre les religions juive et musulmane, les différences culturelles entre Israël et Egypte et les problèmes politiques liés au capitalisme.

Il est rare de voir un thriller aussi approfondi dans sa trame de fond. Les personnages secondaires tiennent une place très importante puisqu'ils servent de catalyseur aux personnages principaux.
Et quels personnages principaux.
Entre Ben-Roï qui est flic à Jérusalem et Khalifa qui, lui, fait partie de la police du Caire, le lecteur est constamment mis face à un antagonisme constant entre ces deux villes chargées d'histoire. Deux villes qui paraissent alors si peu représentatives du reste de leur pays propre que le lecteur est obligé de s'immiscer dans l'enquête avec les personnages et, surtout, dans leurs ressentis et émotions face aux événements de l'histoire.

L'enquête en elle-même n'a rien d'extraordinaire. Le Labyrinthe d'Osiris reste un thriller donc qui dit thriller dit victime, qui dit victime dit tueur...etc. Ce qui change dans ce livre, c'est la complexité de l'enquête criminelle en question. Les ramifications s'étendent jusqu'au début du siècle dernier, passent par une grande partie de l'Europe et concernent des événements qui, à première vue, n'ont rien à voir mais qui bout à bout donnent tout son sens à l'histoire. En fait, la complexité de l'intrigue semble être à l'image du titre du livre : un labyrinthe où enquêteurs et lecteurs se perdent plusieurs fois jusqu'au dénouement. Impossible de prévoir la fin dans sa totalité. Si vous parvenez, ne serait-ce qu'à résoudre un quart de l'intrigue principale, je vous tire mon chapeau (et vous déteste profondément aussi).
En soi, ce livre porte bien le nom de thriller archéologique. La lecture se passe comme une fouille : lentement, minutieusement, et avec ce frisson propre à la découverte. On décortique les faits couche après couche, en commençant, tout d'abord par le haut de l'iceberg, pour finir par mettre à jour ce qu'il y a réellement en dessous. Le Labyrinthe d'Osiris n'est pas une lecture sans prises de tête qui passe le temps pendant un week-end pluvieux. C'est un livre qui nécessite une réflexion constante et une attention sans failles. Parce que le gros soucis de ce genre d'intrigue c'est que, pendant un vague moment d'inattention, le lecteur à vite fait de paumer complètement le fil de l'histoire et de ramer jusqu'à la fin du bouquin.

L'avantage de ce bouquin c'est qu'entre Ben-Roï et Khalifa, le lecteur s'immisce dans Jérusalem et le Caire non pas en tant que touriste, mais en tant que local. L'Occidentale que je suis, a donc pu "visiter" ces deux villes avec une objectivité que le tourisme ne permet pas. C'est pas forcément joli-joli mais ça a au moins le mérite d'être réel.

Bref, ce livre est un petit bijou qui n'est pourtant pas un coup de coeur. Pourquoi ? Parce qu'un coup de coeur présuppose (à mon sens) qu'on veuille le partager avec la Terre entière, qu'on ne cesse d'en parler et de vouloir le vendre à tous ceux qui veulent bien nous écouter.

Là est le problème majeur du Labyrinthe d'Osiris. On ne peut pas en parler sans risquer de spoiler la moitié de l'intrigue, on ne peut pas tenter de le vendre à qui que ce soit en étant certain qu'il l'appréciera comme nous.

En fait, ce livre c'est comme parler de politique en société. Il y a de grandes chances pour que la majorité des personnes ne soient pas d'accord avec vous.


Ma note : 

18/20