jeudi 23 janvier 2014

Max - Sarah Cohen-Scali




Quatrième de couverture :

"19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Fürher. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l'enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d'autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d'aimer. Heil Hitler !"Max est le prototype parfait du programme "Lebensborn" initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l'Allemagne puis l'Europe occupée par le Reich.


Mon avis :

Max est un livre coup de poing. Coup de poing parce que douloureux à lire, clairement. Je m'attendais à une lecture perturbante de par le sujet traité mais pas à ce point là. Le partie prit de l'auteure concernant son narrateur rend ce bouquin horriblement poignant. Max est l'unique narrateur du récit. Du ventre de sa mère jusqu'à ses dix ans à la fin du livre, Max nous raconte son histoire, sa vie, ses rêves. Il nous raconte sa fierté d'être le prototype parfait du programme Lebensborn, sa haine du juif, et son admiration pour Hitler. Il explique sa conception de l'existence, son mépris pour les faibles et son envie de devenir un grand soldat. Max vit pour Hitler. C'est sa seule prétention, sa seule pensée, sa seule ambition. Il n'y a rien de plus triste que se rendre compte que des enfants comme ça ont réellement existé. Qu'on les a conditionnés, lobotomisés, empêchés d'avoir une innocence, une naïveté. Max ne ressent aucune émotion positive. Il n'aime pas les gens, il préfère les détester. Il n'aime pas les démonstrations d'affection, il préfère s'entraîner. Ce gosse est un robot.
C'est un livre coup de poing parce qu'on est replongés dans l'univers de la seconde guerre mondiale. Le point de vue de Max nous fait découvrir une dimension cachée de cette guerre : le programme Lebensborn. Les enfants sont très rapidement enlevés à leurs mères et ce sont des infirmières qui s'en occupent. On leur passe les discours d'Hitler en boucle, et on les nourrit/blanchit/loge jusqu'à leur adoption par des couples choisis au préalable. Ces adoptions servaient à brouiller les pistes, à cacher l'existence du Lebensborn et son but : former une armée parfaite, une armée prête à mourir pour le Fürher mais surtout une armée composée d'hommes sans émotions, sans pitié, sans conscience. Sauf que Max ne se fait pas adopter parce qu'il est la perfection même, il est une vedette baptisé par Hitler lui-même. Dès ses 5 ans on lui confie une mission en Pologne puis, rapidement, il est envoyé dans une école spécialisée. Ses écoles formaient les gamins pour qu'ils deviennent des soldats. On y envoyait les enfants nés par le biais du Lebensborn, mais aussi certains juifs qu'on avaient arrachés à leurs familles et qu'on "restructurait". Max c'est une histoire qui colle des frissons d'angoisse du début à la fin. C'est une grosse claque à chaque page ou presque parce que Max est complètement insensible, complètement inhumain, et c'est d'autant plus difficile quand on se souvient que c'est un gosse. Pourtant on s'attache à lui parce qu'on sait qu'il n'y est pour rien. Que toute sa vie a été faite de mensonges, de propagande, qu'il a été éduqué pour être ce qu'il est. Et quand à certains moments dans le livre, il montre enfin un peu d'humanité, un peu de "normalité", on a juste envie de chialer. Parce que Max vit dans le seul but de servir Hitler, alors quand l'Allemagne commence à perdre la guerre et que l'école renvoi les enfants chez eux, Max perd sa raison de vivre, son rêve.

J'ai eu envie de pleurer, j'ai été en colère, j'ai été outrée mais j'ai adoré ce livre. Adoré parce que c'est une belle leçon de morale, une leçon de vie. Et même si la fin ne m'a pas satisfaite complètement, elle est la force du livre. Alors même si Max est effrayant parce qu'il paraît être un futur tueur de masses, même si son personnage est le condensé de tout ce qui se faisait de pire sous Hitler. Quand on referme ce bouquin, on se souvient juste d'une chose : ce n'est qu'un gosse.



Ma note : 

18/20

6 commentaires:

  1. Et un de plus dans ma wish list, un!! Ça fait un moment que j'ai envie de lire celui là!!

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  2. Oh, je vois que mon commentaire n'est pas passé (téléphone de m***e !!)
    Et bien je disais que tu m'avais redonné envie de le lire en 3 minutes :P
    J'aime les livres perturbants !

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    1. Aaaah, tant mieux :D. Faut que tu le lises, je pense vraiment que ça te plairait.

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  3. Il traîne toujours dans ma pal, je n'ai pas le courage de l'en sortir

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    1. Arf, il est vraiment pas long et facile à lire en plus. Mais après c'est vrai que l'histoire est passablement horrible.

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