mercredi 9 décembre 2015

Nécrologie - Paul Cleave




Quatrième de couverture :

A la suite d'un drame personnel, Théodore Tate, un ancien flic, s'est reconverti en détective privé. Alors que la police est occupée à chasser le fameux Boucher de Christchurch, le serial killer qui terrorise la ville, c'est lui qu'on mandate pour s'occuper d'une banale exhumation, celle du corps d'un directeur de banque dont la veuve est suspectée d'homicide. Là, un glissement de terrain accidentel révèle la présence de trois cadavres immergés dans le lac qui borde le cimetière. S'agit-il de victimes du Boucher, ou bien un autre tueur en série est-il à l’oeuvre? Lorsqu'en plus on découvre dans le cercueil à la place du corps de l'honorable banquier, celui d'une jeune inconnue, c'est le début d'un engrenage infernal pour Théodore qui va devoir découvrir seul la vérité sur cette affaire. Avant que la police ne découvre la vérité sur lui... et sur ses terribles secrets.

Mon avis :

Alors. Que dire.

Non. Nope. Hors de question. Pas du tout.



Voilà mon ressenti sur Nécrologie.

(Instructif n'est-ce pas ?)

Il faut dire que Nécrologie est ce genre de thriller qui vous promet monts et merveilles et qui en fait, bah non. Oubli.

Commençons par Théodore Tate. Ancien flic devenu détective privé suite à un drame personnel. Personnage principal de son état, Théodore Tate est un des rares protagonistes qui se veut antipathique (stéréotype du genre littéraire mon ami) et qui l'est vraiment. Difficile pour le lecteur de s'immiscer dans l'histoire quand il ne peut pas se piffer le héros/antihéros/trou-du-cul-insupportable-pour-faire-court et qui doit se coltiner (avec plus ou moins d'enthousiasme) les pseudos réflexions philosophico-émotionnelles du personnage en question. Il faut dire que Paul Cleave n'y met pas vraiment du sien hein. Son personnage est décrit en deux temps trois mouvements comme un ancien super flic reconverti en nouveau presque super détective qui ne s'est pas remis du grand drame de sa vie et qui, de ce fait, déteste le monde, les gens, l'herbe, la pluie et son boulot.

Ouais. Belle accroche pour un début de roman Paul. On dirait Julie Lescault shootée à l'oxycodone.



Bref.

Le problème majeur de ce livre (en plus de l'Inspecteur Barnaby bipolaire susmentionné) c'est que le résumé nous parle d'un certain serial killer qui porte le doux nom de Boucher. Le lecteur s'attend donc à un superbe thriller avec deux intrigues entremêlées promettant un dénouement des plus surprenants. Sauf que, là encore, non. Oubli. Le Boucher, on en parle tout au long du livre, mais c'est juste pour faire avancer les dialogues.

Tate : Tu peux me donner un coup de main sur mon enquête ?
Flic-figurant-n°1 : Non, peux pas, je bosse sur le Boucher.

Tate : Tu viens prendre une bière avec moi et m'écouter me plaindre de ma vie de merde ?
Flic-figurant-n°2 : Non, peux pas, on a la pression au taf à cause du Boucher.

Tate : Tu peux m'aider à me suicider pour que le lecteur soit enfin content ?
Flic-figurant-n°3541 : Non, peux pas, mon rôle dans ce livre se résume à évoquer le Boucher. Voilà c'est fait. A plus mon gars !

...


...

Donc on sait qu'un serial killer qui a l'air trop cool (j'veux dire, il s'appelle le Boucher quand même) sévit dans la ville de notre détective au charisme de bulot épileptique, mais on ne le voit pas. Jamais. Au lieu de ça on a le droit à une toute autre enquête. Une histoire de femmes mortes, retrouvées dans le cercueil d'autres gens morts et ces autres gens morts retrouvés dans le lac du cimetière.
Mr Théodore Tate va donc tenté de découvrir s'il a affaire à un autre serial killer ou si les pompes funèbres de Christchurch était juste un peu short à la fin du mois.

Que le Dieu des thrillers ait pitié de mon âme.



L'avantage de cette intrigue qui se déroule majoritairement dans un cimetière c'est que les cercueils et les pierres tombales ont plus de sex-appeal que les personnages vivants de l'histoire.

Bref n°2.

L'enquête (gros guillemets-parenthèses-crochets) n'a pas de sens. Tate découvre des indices dans son coin, qu'il ne daigne pas partager avec la "vraie police" (police qui ne semble être vouée qu'à cette quête infinie du Boucher), il fout régulièrement ses anciens collègues dans la mouise en volant des preuves (collègues qui lui pardonnent avec une facilité qui fait passer Mère Teresa pour la dernière des empafées), il parvient à résoudre les grosses clés de l'enquête en fixant béatement le marc de son café et il enfreint la loi tellement de fois et avec tellement de facilité qu'on se demande si la police de Christchurch sniffe de la colle en compagnie du Boucher ou si Paul Cleave avait l'interdiction formelle d'écrire plus de 500 pages.

Quand on voit le contenu des 468 pages en question, on finit par comprendre que Paul Cleave se fait des rails en utilisant le reste de son manuscrit comme paille à coke.



Bref n°3.

Le dénouement de l'intrigue...Non en fait. Non.

Le fin mot de l'histoire frise la démence. J'ai trop de respect pour la lecture en règle générale pour vous spoiler, mais clairement, ça n'a pas une once de crédibilité. Ni de près, ni de loin. Ni même en perpendiculaire.
Et la fin. La fin du livre. Est une blague. En vrai, il n'y a pas de fin.

Certains d'entre vous remarqueront comme moi, que Paul Cleave a écrit "une suite". Le tome 2, qui s'appelle La Collection, reprend le personnage de Tate et parle d'une toute autre enquête.
Donc. En soi. Il n'y a pas de fin. Du tout.



(La vraie fin a du être utilisée par le Boucher pour se rouler un joint.)

Donc, concrètement, ce bouquin est une vaste farce. Il doit être utilisé comme référence en cours d'écriture sur les choses à ne JAMAIS faire dans un livre et surtout dans un thriller.

Cette citation du livre par exemple :  

<< C'était comme dans Fantasia, quand Mickey l'apprenti sorcier coupait des balais diaboliques en deux et que chaque moitié redevenait un balai à part entière et poursuivait ses activités diaboliques. >>


Je ne sais pas si Paul Cleave se fout de ma gueule ou de lui-même en fait. Mais utiliser Mickey comme référence dans un thriller ?

...




Ouais, il me semblait bien aussi. 


Ma note :

Je ne m'abaisserais même pas à le noter.

Le Labyrinthe d'Osiris - Paul Sussman



Quatrième de couverture :

Un homme disparaît en Egypte sans laisser de traces. 
Une femme se fait étrangler à Jérusalem. 
Deux événements que quatre-vingts ans séparent, mais liés par une même énigme. 

Ancré dans le Moyen-Orient d'aujourd'hui, ce thriller archéologique haletant mêle avec talent histoire, suspense et aventures.


Mon avis :

Pour commencer, il faut savoir que Le Labyrinthe d'Osiris va paraître passablement indigeste pour les néophytes. Si vous n'aimez pas les thrillers, ou si vous n'avez qu'un très vague amour pour ce genre littéraire : passez votre chemin.
Le Labyrinthe d'Osiris est une aventure à la fois pour son contenu mais surtout pour sa lecture.

Il faut dire que Paul Sussman ne fait pas les choses à moitié. Ce bouquin est un petit bijou d'archéologie, d'histoire et de réflexions géopolitiques. L'enquête criminelle y est omniprésente mais toujours mise en parallèle avec le conflit Israélo-palestinien, les différences entre les religions juive et musulmane, les différences culturelles entre Israël et Egypte et les problèmes politiques liés au capitalisme.

Il est rare de voir un thriller aussi approfondi dans sa trame de fond. Les personnages secondaires tiennent une place très importante puisqu'ils servent de catalyseur aux personnages principaux.
Et quels personnages principaux.
Entre Ben-Roï qui est flic à Jérusalem et Khalifa qui, lui, fait partie de la police du Caire, le lecteur est constamment mis face à un antagonisme constant entre ces deux villes chargées d'histoire. Deux villes qui paraissent alors si peu représentatives du reste de leur pays propre que le lecteur est obligé de s'immiscer dans l'enquête avec les personnages et, surtout, dans leurs ressentis et émotions face aux événements de l'histoire.

L'enquête en elle-même n'a rien d'extraordinaire. Le Labyrinthe d'Osiris reste un thriller donc qui dit thriller dit victime, qui dit victime dit tueur...etc. Ce qui change dans ce livre, c'est la complexité de l'enquête criminelle en question. Les ramifications s'étendent jusqu'au début du siècle dernier, passent par une grande partie de l'Europe et concernent des événements qui, à première vue, n'ont rien à voir mais qui bout à bout donnent tout son sens à l'histoire. En fait, la complexité de l'intrigue semble être à l'image du titre du livre : un labyrinthe où enquêteurs et lecteurs se perdent plusieurs fois jusqu'au dénouement. Impossible de prévoir la fin dans sa totalité. Si vous parvenez, ne serait-ce qu'à résoudre un quart de l'intrigue principale, je vous tire mon chapeau (et vous déteste profondément aussi).
En soi, ce livre porte bien le nom de thriller archéologique. La lecture se passe comme une fouille : lentement, minutieusement, et avec ce frisson propre à la découverte. On décortique les faits couche après couche, en commençant, tout d'abord par le haut de l'iceberg, pour finir par mettre à jour ce qu'il y a réellement en dessous. Le Labyrinthe d'Osiris n'est pas une lecture sans prises de tête qui passe le temps pendant un week-end pluvieux. C'est un livre qui nécessite une réflexion constante et une attention sans failles. Parce que le gros soucis de ce genre d'intrigue c'est que, pendant un vague moment d'inattention, le lecteur à vite fait de paumer complètement le fil de l'histoire et de ramer jusqu'à la fin du bouquin.

L'avantage de ce bouquin c'est qu'entre Ben-Roï et Khalifa, le lecteur s'immisce dans Jérusalem et le Caire non pas en tant que touriste, mais en tant que local. L'Occidentale que je suis, a donc pu "visiter" ces deux villes avec une objectivité que le tourisme ne permet pas. C'est pas forcément joli-joli mais ça a au moins le mérite d'être réel.

Bref, ce livre est un petit bijou qui n'est pourtant pas un coup de coeur. Pourquoi ? Parce qu'un coup de coeur présuppose (à mon sens) qu'on veuille le partager avec la Terre entière, qu'on ne cesse d'en parler et de vouloir le vendre à tous ceux qui veulent bien nous écouter.

Là est le problème majeur du Labyrinthe d'Osiris. On ne peut pas en parler sans risquer de spoiler la moitié de l'intrigue, on ne peut pas tenter de le vendre à qui que ce soit en étant certain qu'il l'appréciera comme nous.

En fait, ce livre c'est comme parler de politique en société. Il y a de grandes chances pour que la majorité des personnes ne soient pas d'accord avec vous.


Ma note : 

18/20








lundi 30 novembre 2015

Reflex - Maud Mayeras



Quatrième de couverture :

Photographe de l'identité judiciaire, Iris Baudry est discrète, obsessionnelle, déterminée. Disponible nuit et jour, elle shoote en rafales des cadavres pour oublier celui de son fils, sauvagement assassiné onze ans auparavant.
Mais une nouvelle affaire va la ramener au cœur de son cauchemar : dans la ville maudite où son enfant a disparu, un tueur en série s'est mis à sévir. Et sa façon d'écorcher ses victimes en rappelle une autre...
La canicule assèche la ville, détrempe les corps et échauffe les esprits, les monstres se révèlent et le brasier qu'Iris croyait éteint va s'enflammer à nouveau dans l'objectif de son reflex.

Mon avis :

Reflex ou comment un achat compulsif sans grand intérêt se retrouve dans ma liste non exhaustive des thrillers percutants.

Lire Reflex c'est un peu comme redécouvrir le pourquoi de notre amour pour les thrillers. Le frisson d'un suspens bien ficelé, l'attachement à des personnages concrets, un tueur qui est dézingué du pompon et une histoire qui tient la route. Le tout agrémenté d'un style acéré et efficace qui pousse le lecteur a finir le bouquin au plus vite.
Il faut dire que Reflex est un peu particulier. En plus de la trame de fond qu'est l'histoire d'Iris Baudry, on a le droit à des flashbacks qui commencent à partir de 1945 (si mes souvenirs sont bons) et qui remontent progressivement jusqu'à nos jours. Ces flashbacks nous aiguillonnent au fur et à mesure de la lecture sur l'identité du tueur. Alors certes, on voit de très loin où la chose veut aller, mais ça n'enlève absolument rien au charme de l'œuvre, bien au contraire. 

Et quel charme.

Iris Baudry est un personnage attachant. La narration à la première personne du singulier et au présent y est pour beaucoup il faut l'avouer. Iris est une mère endeuillée, brisée par le meurtre de son fils et qui continue à voir la mort chaque jour au travers de son boulot. Son rapport à la photo est décrit avec beauté et poésie. C'est prenant, c'est poignant et ça sonne juste.

Bref. Ça c'était pour l'analyse intelligente.


Reflex est une claque dans la gueule. Aucun des personnages décrits n'est réellement ce qu'il paraît être. Tu crois que ton personnage est sympa ? Attends de voir les surprises que te réserve Maud Mayeras. Et crois-moi, surprises il y aura.



La maladresse et la vulnérabilité d'Iris la rendent profondément attachante. Profondément attendrissante même. Elle a eu une vie de merde, continue de subir les outrages de la vie et, concrètement, on rêve de tuer tous ceux qui oseraient ne serait-ce que la regarder de traviole. Pour une fois, bye bye le stéréotype de la femme forte que rien ne parvient à émouvoir et bonjour au magnifique exemple d'humanité que nous offre Iris et son parcours.

Et j'ai beau être Satan, il y a des moments où ça me titillait l'artère coronaire tout de même.




En plus de l'histoire, Maud Mayeras accorde beaucoup d'importance aux relations entre les personnages. Qu'il s'agisse de celle entre Iris et sa mère, Iris et son père, Iris et son fils ou encore Iris et son ancienne voisine. Le lecteur se sert d'Iris pour appréhender les gens, les choses et les événements, ce qui donne un tout autre sens à l'immersion dans l'histoire. 
En clair, si Iris déteste quelqu'un ou quelque chose, tu risques de ressentir le besoin intense de le faire disparaître de la surface de la Terre.



Bref. Ce livre est grandiose et vous devez le lire. Ne serait-ce que pour la fin. Parce que si l'histoire ne vous paraîtra pas si extraordinaire que ça, ou si vous êtes convaincus de connaître le dénouement dès les premiers chapitres, vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu'à la rate.

La fin est majestueuse et vous forcera à voir le livre sous un nouveau jour. 



Le seul point négatif de ce bouquin (qui n'en est pas vraiment un) c'est qu'Iris Baudry est bègue. Et mon cerveau est, semble-t-il, capable de bégayer en lisant. Donc Amen à moi et à ma capacité d'adaptation extraordinaire.





Ma note :

20/20


lundi 2 novembre 2015

Vampire Story, tome 1 : 13 balles dans la peau - David Wellington






Quatrième de couverture :

Selon les rapports officiels, tous les vampires sont morts. Un agent fédéral nommé Arkeley a trucidé le dernier dans les années 1980 à l'issue d'un combat qui a failli lui coûter la vie. Pourtant, lorsque Laura Caxton, de la police d'État, appelle des renforts en pleine nuit à la suite d'un contrôle de routine qui a mal tourné, le FBI décide de tirer Arkeley de sa retraite. Il est en effet le seul à savoir qu'un vampire a survécu: une femme, qui croupit dans un asile abandonné. Elle est conservée dans un état de faiblesse permanent, mais Arkeley la soupçonne de manigancer le retour en force des damnés. Lui aussi attend ce moment pour en finir une fois pour toutes. Et comme Caxton va vite s'en rendre compte, ils n'affrontent pas des créatures d'opérette, mais de véritables machines à tuer.


Mon avis :

Du gore, du cynique, du sanglant, du monstrueux, du suspens, du dégueulasse...Bref. Du David Wellington en bien mieux que dans sa saga Zombie Story puisque, pour le coup, on arrête le fantasmagorique névrosé et on plonge dans le sérieux et le concret.

Qu'on soit clairs, j'ai adoré Zombie Story. Mais là, l'auteur nous embarque à un tout autre niveau. Et quel niveau.

Adieu les vampires à paillettes qui feraient marrer un fœtus depuis l'utérus de sa mère. Bonjour les vampires terrifiant qui font passer Freddy Krueger pour le mannequin d'une pub de fond de teint. Dans Vampire Story, oublie Dracula, oublie Blade, et surtout, oublie Edward et son poumon crevé. Les vampires dont on parle sont des monstres, des vrais. Ils sont laids, ils sont presque invincibles et surtout, ils bouffent de l'humain comme toi un kinder surprise.



Ca gicle de partout, ça dépèce et démembre à tour de bras (haha) et ça fait passer Hostel ou Saw pour des comédies sentimentales.

Bref. Nous suivons donc Arkeley qui est l'archétype du fédéral bousillé par la vie, qui a passé sa carrière à chasser les vampires et qui est un vrai fils de péripatéticienne quand il s'agit des relations humaines. Arkeley qui est un enfoiré au cynisme percutant et que j'ai adoré du début à la fin.
Arkeley qui, dans les années 80, aurait manifestement tué le dernier vampire on earth mais qui est rappelé 20 ans plus tard en Pennsylvanie, quand un banal contrôle de police tourne en orgie de viande hachée.
Il se retrouve donc à faire équipe avec Laura Caxton, simple policière d'Etat préposée aux contrôles routiers, et qui se coltine le fédéral avec plus ou moins d'enthousiasme. 
Laura Caxton est un personnage particulier. Elle permet de mettre en relief tous les autres personnages (vampires et humains). Elle n'est pas là pour faire office de protagoniste principal mais plutôt de prisme pour les autres personnages. Ses réactions, réflexions, actions servent de références pour tous les autres. On juge, critique, décide par rapport à elle. C'est rafraîchissant puisque le lecteur peut s'immiscer encore plus aisément dans l'histoire. 

Et l'histoire est magique. On oscille entre horreur, fantastique et thriller. Les vampires sont de vrais bêtes, des prédateurs, des machines à tuer mais ils servent un but et chacun des plans qu'ils mettent en place pour l'atteindre, plonge le lecteur dans cette folie barbare, cette sauvagerie extrême. Et on a pas vraiment le temps de s'arrêter pour penser à la trame de fond puisque le rythme est rapide, haletant et on est plongé dans cette course contre la montre en même temps que les personnages.

Tout dans ce livre fonctionne et le décor y est pour beaucoup. Au cœur de la Pennsylvanie, entourés de forêts gigantesques, de vastes espaces, d'usines et d'entrepôts désaffectés, nos personnages sont cernés, d'un côté par les vampires et de l'autre, par des kilomètres d'espaces désertés par les humains.
Dans Vampire Story, on vous détaille par le menu comment les vampires tuent et on se fout que vous vous sentiez à l'aise en lisant. Dans ce livre, les relations humaines n'ont que très peu d'importance, si ce n'est celle entre Arkeley et Caxton. Ce qui nous intéresse ce sont les interactions avec les vampires et savoir si, oui ou non, nos protagonistes principaux vont s'en sortir.

Autre aspect intéressant, Laura Caxton est lesbienne. Et non, on s'en contrecarre qu'elle préfère Kate Beckinsale à Robert Pattinson. Ce qui est intéressant justement c'est que David Wellington n'en fait pas des caisses. Qu'il nous épargne les blagues vaseuses que pourraient faire d'autres personnages. Que Caxton a des problèmes de couples comme n'importe quelle hétéro. Bref. Laura Caxton est lesbienne et on s'en bats les amygdales.



Vampire Story est un vrai livre horrifique dans le sens où on épargne pas le lecteur. Jamais. Les vampires sont des saligauds mais les humains aussi. Et malgré le fait que ces vampires-là soient très loin du glamour boule-à-facettes-disco, on ne peut s'empêcher de comprendre ceux qui veulent devenir comme eux.

Après tout, Hannibal Lecter aussi donne envie de participer à un dîner presque parfait avec pleins de gens. Inconnus. Avec de la sauce roquefort.



Le truc cool aussi dans ce livre, c'est que la Terre entière est au courant de l'existence des vampires. Et pour prouver à quel point l'être humain est passablement idiot, David Wellington nous offre Malverne. Malverne qui est un vampire qu'Arkeley a tenté de tuer dans les années 80 mais qui a survécu. Elle est conservée dans un sanatorium désaffecté, surveillée comme dans une prison et laissée dans un état de faiblesse constant. Pourquoi ? Parce qu'un tribunal a décrété que la tuer dans son état était un meurtre. Pure et simple.



(Ouais elle est déjà morte mais qui s'en soucie ?)

Bref. Premier tome réussi pour cette saga qui promet d'envoyer du pâté et qui m'a réconcilié avec les vampires en littérature.

Merci David Wellington.   


Ma note : 

20/20




lundi 12 octobre 2015

Psycho Killer - Anonyme




Quatrième de couverture :

Tout semble paisible à B Movie Hell, 3672 habitants. Jusqu’au jour où un tueur mystérieux portant un masque en forme de crâne, surmonté d’une crête iroquoise rouge, se mette à assassiner tranquillement certains des habitants de la ville. Le FBI confie l’affaire à un couple d’enquêteurs, Milena Fonseca et Jack Munson, surnommé le Fantôme, spécialiste des opérations clandestines. Bientôt de mystérieux liens apparaissent entre cette terrifiante série de meurtres et un projet top secret du Département d’Etat, l’opération Blackwash. Alors que la paranoïa s’empare de la ville, la collaboration entre le FBI et les autorités locales s’annonce difficile. Les habitants de B Movie Hell, bien décidés à garder leurs nombreux secrets, entendent en effet résoudre seuls et sans aide extérieure cette histoire aussi terrifiante qu’énigmatique.


Mon avis :

Anonyme, will you marry me ?

Ca c'est fait.

Bienvenue à B Movie Hell, petit paradis terrestre en plein cœur de l'Amérique qui compte les 3672 âmes les plus charmantes que cette Terre ait porté...
Nan je déconne.
A B Movie Hell, même les licornes se prostituent pour sniffer de l'ectsa'. Alors, forcément, quand un serial killer qui porte le doux nom de l'Iroquois vient charcuter du ricain bedonnant, on en redemande. Encore et encore.



Faut dire que l'Iroquois a la classe. Autant que Machete qui parvient à nous vendre des fajitas ET à se taper Jessica Alba. Tout ça en même temps. Supplément sauce piquante s'iouplait m'sieur !
L'Iroquois qui, sous ses airs de sociopathe dézingué du pompon fait figure d'ode au romantisme et à l'amour. Ouais parce que sous cette sublime veste en cuir rouge et les 15 litres de sang que ses victimes ont perdu, l'Iroquois a un cœur.



Mais on s'en fout.

Forcément, vu que le commun des mortels n'apprécie pas cette magnifique forme d'art qu'est le meurtre, deux enquêteurs du FBI vont partir à la poursuite du tueur. Munson, qui est l'archétype du connard alcoolique qui ne s'assume pas et Fonseca qui est l'archétype de la connasse pas alcoolique qui s'assume. Mais on ne peut s'empêcher de les aimer tous les deux parce qu'ils envoient du pâté.

Les répliques sont majestueuses. Les références cinématographiques et musicales sont parfaites. Les personnages sont d'une justesse exceptionnelle malgré le fait qu'ils soient de vraies caricatures. Tout marche. Tout fonctionne. Et on se bidonne du début à la fin tout en fantasmant sur l'Iroquois et sa voiture de complexés du phallus.



Bref.
Dans Psycho Killer, Adieu la décence et le bon goût. Bonjour l'obscénité et le dégueulasse.

Bandant quoi.



L'intrigue du bouquin est très bien ficelée, très bien menée et on a qu'une envie tout au long de la lecture : découvrir le pourquoi du comment. Parce que c'est là qu'est la différence majeure avec la saga du Bourbon Kid. Dans ce livre, pas de vampires ou autres joyeusetés fantasmagoriques du genre. Non. C'est du pur thriller enrobé de stéréotypes de Série B, digne des plus grands slashers ou autre films d'horreur cultissimes. 

En gros, Psycho Killer est un énormissime coup de cœur parce qu'encore une fois, Anonyme parvient à nous pondre une Bible de la culture supra originale, avec une histoire crédible et complètement niquée à la fois. Une histoire qui happe le lecteur tout au long de ses 403 pages. 403 pages qu'on ne peut s'empêcher de dévorer parce que putaindebordeldemerde, l'Iroquois est orgasmique.

Je finirais avec une mention spéciale pour Silvio Mellencamp et sa passion pour les fellations. Son fabuleux établissement qu'est le "Minou Joyeux" qui a rendu chaque partie de mon corps particulièrement joyeuse. Bébé sans qui ce livre n'aurait aucun sens. Et, surtout, surtout, Dominic Touretto, qui, j'espère grandement, est un clin d'oeil à Fast and Furious, et qui a détruit ma vie en rendant impossible pour moi de ne pas éclater de rire à chaque fois que je vois un stick de déodorant. 

Donc, Anonyme, qui que tu sois. Homme, femme, scientologue ou poney amish, je te kiffe.


(oui je ressemble à ça quand je pense à toi)



  (j'étais obligée...)


Ma note : 

20/20







Et vous avez même le droit à une vidéo mes p'tits chéris ! 







Et vu que c'est une Lecture Commune, vous avez le droit aux avis de mes popines :


- Oukouloumougnou : par ici
- Caroverdelivre : par ici
 

lundi 28 septembre 2015

Salos Taris - Pierre Gardier





Quatrième de couverture :

Salos Taris, chasseur de prime au spleen aussi éternel que son talent pour la gâchette, pose ses bottes usées sur les pavés humides de la ville planète New-Hope à la recherche de cibles et de réponses. Un contrat réussi en poche, il rencontre, au bordel du coin une femme étrange aux yeux de louve nommée Fate qui l’accueille en lui sondant son esprit fatigué. Après une nuit dans les bras d’une prostituée nommée Eva, une porte défoncée s’affale dans la chambre du bordel. La femme de la veille rentre suivi d’une unité. Les armes le fixent, des coups le calment. Maintenu au sol, on lui insère de force une puce organique dans la nuque en lui murmurant sa mission : récupérer un colis. Balancé dans une ruelle sale, il se relève et, de force, accepte. C’est le point de départ d’une aventure teinté de malchance, de violence et de cynisme. Le commencement d’un voyage dans les méandres de sa mémoire et de son identité. Tandis qu’en toile de fond, discret, se terre un ennemi immortel : une bête humaine qui resurgit peu à peu, nourrie de misère sociale et de ville-planète délaissée par une Fédération gangrenée.



Mon avis :

Pierre Gardier, mon cher monsieur, je te hais.

Voilà. C'est fait.

Pourquoi ? Parce que ton putain de roman fait uniquement 262 pages. Et je pleure. Je pleure parce que toutes les bonnes choses ont une fin, mais que celle-ci, vraiment, je ne la digère pas.

Salos Taris n'est pas qu'une ode à la science-fiction. Loin de là. Si vous voulez lire un remake bidonné de Série B, où de futurs GI Joe sous épinéphrine synthétisé jouent avec leurs gros calibres qui lâchent de la purée plasmatique, passez votre chemin. Direct. Là. Va-t-en. Je veux plus voir ta gueule.

Salos Taris est un petit bijou dans son genre. Pourquoi ? Parce que Pierre Gardier a une plume qui me parle. Un style direct, efficace, brutal. Des mots qui te collent à la peau et qui ne te lâchent pas. Sa plume est virulente et poétique. Acérée et fluide. Douloureuse et réconfortante. Elle te retourne les tripes de par sa justesse, sa précision. Elle décrit à la perfection toutes les choses dégueu' et sombres tapies à l'intérieur de toi et que tu n'arrives pas à nommer. Et Dieu seul sait qu'il y en a des choses crades à dire.

L'ambiance déjà. L'auteur pose les bases connues de la SF. Un décor crade, aux couleurs monochromes, sombres. Des paysages désolés partout où on pose le regard. Des planètes ravagés par l'occupation humaine ou alien. Bref. En gros, le futur donne pas envie hein. Ca pue la misère, la saleté et la mort.
Mais Pierre Gardier ne se contente pas de ça. Ses personnages donnent le ton eux aussi. Dans ce roman, Adieu le dégueulis de conformités sociales qui nous poussent à constamment confronter le Bien et le Mal. Oui, bon vent. Dans ce roman, pas de Bien et de Mal. Juste des personnages terriblement humains, rongés par leur propre égoïsme, leur propre impuissance et, surtout, leur propre insignifiance. Dans Salos Taris, ne t'attends pas à kiffer le héros. Non. Le héros est un petit(gros) salopiaud de premier ordre et c'est ce qui le rend génial.
Et pour finir, l'intrigue. On rentre direct dans l'histoire, ballotté par les événements, malmené par une trame sombre et prenante. Tout s'enchaîne rapidement, pas le temps de poser son cerveau sur la table de chevet pour réfléchir. Salos Taris est un bouquin qui se dévore, parce que le fond de l'histoire pose des questions dont on languit les réponses. Et quelles réponses !


Bref. Ce livre est un coup de cœur. Coup de cœur parce qu'il m'a réconcilié avec la SF moderne. Mais surtout, coup de cœur parce que je suis tombée amoureuse du style de Pierre Gardier.
Il faut me comprendre, je hais profondément l'humanité et Salos Taris est une ode au détestage de l'humain. L'auteur, sa plume, m'a foutu une claque dans la gueule. Il a ce talent fou : celui de transcender la laideur humaine. D'exposer les pires vices de ses personnages, leurs pires défauts et les actes les plus abjects dont l'être humain est capable. Il sait tirer profit de l'obscurité en chacun de nous, de nos instincts les plus vils, les plus profondément mauvais et parvient à nous titiller le sadisme là où ça fait du bien.
De plus, une des choses inhérentes à Salos et qui, moi, m'a touchée profondément, c'est ce spleen. Cette solitude vicieuse qui ronge l'âme et qui se rappelle à nous quand on s'y attend le moins. Cette mélancolie que Salos noie dans l'alcool mais qui touche beaucoup d'entre nous de façon différente. C'est aussi pour cela que malgré son imperfection, on ne peut qu'aimer Salos. Il est touchant, il est vrai, concret. Il a une dimension réelle et travaillée. Ce n'est pas juste un antihéros type-de-base. Non. C'est un prisme qui porte l'histoire sur ses épaules, qui fait office de point de référence par rapport aux autres personnages. En vrai c'est vraiment un salaud, mais c'est le moins pire de tous.
Son histoire d'amour d'ailleurs est magnifique. Pleine de vérité et d'esthétisme. Une petite étincelle de beauté dans cet univers qui suinte le désespoir et l'ignominie. C'est une bouffée d'air frais pour le lecteur tout autant que pour les personnages et pour cela, chapeau l'artiste.

En fin de compte, Salos Taris n'a rien du roman de SF que j'ai trop souvent lu et méprisé. Et heureusement. Dans ce bouquin, il n'y a pas que des guerres intergalactiques et des joujous futuristes qui émoustillent les frustrés du phallus. Non. Il y a un vrai contenu, un vrai message. En fait, Salos Taris, est un vrai roman post-apocalyptique. Le lecteur est constamment mis face aux déboires de la race humaine, ses erreurs qui se répètent sans cesse et sa pseudo-suprématie qui lui fait mouiller sa culotte d'éjac' grandioses. Dans ce roman, pas de répit pour les personnages ou le lecteur. On cavale, on s'essouffle, on se prend des claques dans la tronche, on se relève et on retombe aussi sec. C'est pour ça que tout marche, que tout fonctionne.

Je pourrais encore parler des heures de Salos Taris. De sa capacité à métamorphoser le désespoir en conviction. A changer le dégueulasse en poésie. A nous rappeler que l'insignifiance d'un homme se résume à ses choix et non à une fatalité injustifiée. Je pourrais vous dire que Salos Taris parvient à magnifier la Solitude. La vraie. Et qu'il la rend d'une beauté presque douloureuse. Douloureuse parce que véritable. Parce qu'après tout, on crèvera tous seuls. Seuls et tristes. On peut être croyant, ou pas. On peut ne pas avoir peur de la mort ou la craindre toute notre existence. La vérité c'est qu'il n'y a rien de beau dans la mort. C'est peut-être le commencement de quelque chose de nouveau, quelque chose de "mieux", mais ça reste avant tout une fin. Abrupte. Définitive. Incontournable.


Au final, ce roman nous rappelle à quel point la vie est une saloperie mais qu'il est facile de vivre. Le plus dur, c'est d'exister.



Merci Monsieur. 


Ma note :

20/20

(si je suis objective, non mais oh)